[1140] Ludolphe, Hist. Ethiop., liv. IV, chap. 5. Les Juifs y exercent maintenant les arts de première nécessité, et les Arméniens font le commerce étranger. L’industrie de l’Europe (artes et opificia) était ce que Grégoire admirait et enviait le plus.

[1141] Jean Bermudez, dont la relation, imprimée à Lisbonne en 1469, a été traduite en anglais par Purchas (Pilgrims, l. VII, c. 7, p. 1149, etc.), et de l’anglais en français par La Croze (Christian. d’Éthiop., p. 92-265) ; ce morceau est curieux, mais on peut soupçonner l’auteur d’avoir voulu tromper l’Abyssinie, Rome et le Portugal. Son titre au rang de patriarche est obscur et incertain. Ludolphe, Comment., n° 101, p. 473.

[1142] Religio romana... nec precibus patrum, nec miraculis ab ipsis editis suffulciebatur, est l’assertion non contredite du dévot empereur Susnée, à Mendez son patriarche (Ludolphe, Comment., n° 126, p. 529), et on doit conserver précieusement de pareilles assertions comme un antidote contre toutes les légendes merveilleuses.

[1143] Je sais avec quelle réserve il faut traiter cet article de la circoncision ; toutefois j’affirmerai, 1° que les Éthiopiens avaient une raison physique de circoncire les mâles, et même les femmes (Recherches philosophiques sur les Américains, t. II) ; 2° que la circoncision était usitée en Éthiopie, longtemps avant l’introduction du judaïsme oit du christianisme (Hérodote, l. II, c. 104 ; Marsham, Canon chron., p. 72, 73). Infantes circumcidunt ob consuetudinem, non ob judaïsmum, dit Grégoire, prêtre abyssin (apud Fabric., Lux christianii, p. 720). Cependant, dans la chaleur de la dispute, on donne quelquefois aux Portugais le nom injurieux d’incirconcis. La Croze, p. 80 ; Ludolphe, Hist. ad Comment., l. III, c. 1.

[1144] Les trois historiens protestants, Ludolphe (Hist. Ath., Francfort, 1681 ; Commentarius, 1691 ; Relatio nova, etc., 1691, in-fol.), Geddes (Church-History of Æthiopia, Lond., 1696, in-8°) et La Croze (Hist. du Christian. d’Ethiopie et d’Arménie, la Haye, 1739, in 12), ont tiré leurs matériaux les plus importuns des jésuites, et en particulier de l’histoire générale de Tellez, publiée en portugais, à Coimbre, 1660. Leur franchise peut étonner ; mais le plus odieux de leurs vices, l’esprit de persécution, était à leurs yeux une vertu très méritoire. Ludolphe a tiré quelques avantages, mais assez minces, de la langue éthiopienne qu’il savait, ou de ses conversations avec Grégoire, prêtre abyssin, d’un esprit courageux, et qu’il appela de Rome, où il était à la cour de Saxe-Gotha. Voyez la Theologia Æthiopica de Grégoire, dans Fabricius, Lux Évangelii, p. 716-734.

[1145] Le savant Selden nous donne, dans un mot très énergique et d’une signification bien étendue, toute l’histoire de la transsubstantiation. Cette opinion est une figure de rhéteur, dont on a fait une proposition de logique. Voyez ses ouvrages, vol. III, p. 2073 ; dans son Seldeniana ou ses Propos de table.

[1146] Nec intelligunt homines ineptissimi, quod si sentire simulacra et moveri possent ; adoratura hominem fiissent a quo sunt expalita. (Div. Instit., l. II, c. 3.) Lactance est le dernier et le plus éloquent des apologistes du christianisme ; leurs railleries sur les idoles attaquent non seulement l’objet, mais aussi la forme et la matière.

[1147] Voyez saint Irénée, saint Epiphane et saint Augustin. (Basnage, Hist. des Églises réformées, t. II, p. 1313). Cette pratique des gnostiques a un singulier rapport avec le culte secret qu’avait adopté Alexandre-Sévère. Lampride, c. 29 ; Lardner, Heathen Testimonies, vol. III, p. 34.

[1148] Voyez les chapitres XXIII et XXVIII de cet ouvrage.

[1149] Consilium Nicenum II, in Collect. Labbe, t. VIII, p. 1025, édit. de Venise. Il serait peut-être à propos, dit M. Dupin, de ne point souffrir d’images de la Trinité ou de la Divinité ; les défenseurs les plus zélés des images ayant condamné celles-ci, et, le concile de Trente reparlant que des images de Jésus-Christ et des saints. Biblioth. ecclésiast., t. VI, p. 154.

[1150] Ce précis de l’Histoire des images est tiré du vingt-deuxième livre de l’Histoire des Églises réformées de Basnage, t. II, p. 1310-1337. Il était protestant, mais d’un esprit courageux ; et les réformés ne craignent pas de montrer de l’impartialité sur cet objet, par rapport auquel ils ont si évidemment raison. Voyez l’embarras du pauvre moine Pagi, Critica, t. I, p. 42.

[1151] Lorsqu’on étudie les annalistes, on juge, après avoir écarté des miracles et des contradictions, que dès l’année 300, la ville de Panéas, en Palestine, avait un groupe de bronze qui représentait un grave personnage, enveloppé d’un manteau, ayant à ses genoux une femme qui lui témoignait sa reconnaissance ou qui lui adressait des supplications ; et que peut-être on voyait sur le piédestal τω Σωτηρι, τω ευεργετη. — Les chrétiens supposaient ridiculement que ce groupe représentait Jésus-Christ et la pauvre femme qu’il avait guérie d’un flux de sang. (Eusèbe, VII, 18 ; Philostorgius, VII, 3, etc.) M. de Beausobre conjecture, avec plus de raison, qu’il s’agissait du philosophe Apollonius ou de l’empereur Vespasien : dans cette dernière supposition, la femme représenté une ville, une province, ou peut-être la reine Bérénice. Biblioth germ., XIII, p. 1-92.

[1152] Eusèbe, Hist. ecclésiast., l. I, c. 13. Le savant Assemani y ajoute le témoignage de trois Syriens, de saint Ephrem, de Josué Stylite, et de Jacques, évêque de Sarug ; mais je ne sache pas qu’on ait produit l’original de cette lettré, ou qu’on ait indiqué les archives d’Édesse (Biblioth. orient., p. 318, 420, 554). Cette tradition, si vague et si incertaine, leur venait probablement des Grecs.

[1153] Lardner discute et rejette avec sa candeur ordinaire les témoignages cités en faveur de cette correspondance (Heathen Testimonies, vol. I, p. 297-309). Dans la foule des écrivains bigots qu’il chasse de ce poste important, je suis honteux, à la suite des Grabe, des Cave, des Tillemont, de rencontrer M. Addison (voyez ses ouvrages, vol. I, p. 528, édit. de Baskerville) ; mais le traité superficiel qu’il a composé sur la religion chrétienne ne doit la réputation dont il jouit qu’à son nom, à son style et aux éloges bien suspects que lui ont donnés les prêtres.

[1154] Je conclus du silence de Jacques de Sarug (Assemani, Biblioth. orient., p. 289-318), et du témoignage d’Evagrius (Hist. ecclésiast., l. IV, c. 2), que cette fable a été inventée entre les armées 521 et 594, vraisemblablement après le siége d’Édesse, en 540. (Assemani, t. I, p. 416 ; Procope, de Bello persico, l. II.) C’est l’épée et le bouclier de Grégoire II (in epist. ad Leon. Isaur., Concil., t. VIII, p. 656, 657), de saint Jean Damascène (Opera, t. I, p. 281, édit. de Lequien), et du second concile de Nicée (Actio v, p. 1030). L’édition la plus parfaite se trouve dans Cedrenus (Compend., p. 175-178).

[1155] Αχειροποητος. Voyez Ducange, in Gloss. græc. et latin. Ce sujet est traité avec autant d’érudition que de préjugés par le jésuite Gretser (Syntagma de imaginibus non manu factis, ad calcem codicis de Officiis, p. 289-330), l’âne, ou plutôt le renard d’Ingolstadt (voyez le Scaligeriana) ; avec autant d’esprit que de raison parlé protestant Beausobre, dans la controverse ironique qu’il a insérée dans plusieurs volumes de la Bibliothèque germanique (t. XVIII, p. 1-50 ; t. XX, p.27-68 ; t. XXV, p. 1-36 ; t. XXVII, p. 85-118 ; t. XXVIII, p. 1-33 ; t. XXXI, p. 111-148 ; t. XXXII, p. 75-107 ; t. XXXIV, p. 67-96).

[1156] Théophylacte Simocatta (l. II, c. 3, p. 34 ; l. III, c. I, p. 63) célèbre le θεανδρικον εικασμα, qu’il appelle αχειροποιητον ; mais ce n’était qu’une copie, puisqu’il ajoute αρχετυπον το εκεινον οι Ρωμαιοι (d’Édesse) θρησκευουσι τι αρρητον. Voyez Pagi, t. II, A. D. 586, n° 11.

[1157] Voyez dans les ouvrages authentiques ou supposés de saint Jean Damascène, deux passages sur la vierge Marie et sur saint Luc, que Gretser a oubliés, et dont Beausobre, par conséquent, n’a pas fait mention. Opera Johan. Damascen., t. I, p. 618-631.

[1158] Vos scandaleuses figures sortent de la toile ; elles sont aussi mauvaises que des statues groupées. C’était ainsi que l’ignorance et le fanatisme d’un prêtre grec louaient des tableaux du Titien, qu’il avait commandés et qu’il ne voulait plus recevoir.

[1159] Selon Cedrenus, Zonare, Glycas et Manassès, les auteurs de la secte des iconoclastes furent le calife Jezid et deux Juifs qui avaient promis l’empire à Léon. Les reproches que la haine inspire à ces sectaires sont interprétés comme une conspiration absurde pour le rétablissement de la pureté du culte chrétien. Voyez Spanheim, Hist. Imag., c. 2.

[1160] Jezid, neuvième calife de la race des Ommades, fit détruire toutes les images de la Syrie vers l’année 719 : aussi les orthodoxes reprochèrent-ils aux sectaires de suivre l’exemple des Sarrasins et des Hébreux. Fragm. in mon. Johan. Jerosolymit. script. Byz., t. XVI, p. 235 ; Hist. des Républ. ital., par M. Sismondi, t. I, p. 1-26. (Note de l’Éditeur.)

[1161] Voyez Elmacin (Hist. Saracen., p. 267), Abulpharage (Dynast., p. 201), Abulfeda (Annal. Moslem., p. 264), et les Critiques de Pagi (t. III, A. D. 944). Ce prudent franciscain n’ose déterminer, si c’est à Rome ou à Gênes que repose l’image d’Édesse ; mais elle repose, sans gloire ; et cet objet du culte des chrétiens a perdu sa vogue et sa célébrité.

[1162] Nicetas, l. II, p. 258. Les Églises d’Arménie ne font encore usage que de la croix (Missions du Levant, t. III, p. 1,48) ; mais, sûrement le Grec superstitieux est injuste à l’égard de la superstition des Allemands du douzième siècle.

[1163] C’est dans les Actes des conciles (t. VIII et IX, Collect. de Labbe, édit. de Venise) et dans les écrits historiques de Théophane, de Nicéphore, de Manassès, de Cedrenus, de Zonare, etc., qu’il faut chercher les monuments originaux de tout ce qui a rapport aux iconoclastes ; mais on ne les y trouvera pas exempts de partialité. Parmi les catholiques modernes, Baronius., Pagi, Natalis, Alexander (Hist. ecclésiast., 8 et 9) et Maimbourg (Hist. des Iconoclastes), ont montré sur ce sujet autant d’érudition que de passion et de crédulité. Les recherches du protestant Frédéric Spanheim (Hist. imaginum restituta), et de Jacques Basnage (Hist. des Églises réformées, t. II, l. XXIII, p. 1339-1385), penchent du côté des iconoclastes. D’après les secours que nous offrent les deux partis et leurs dispositions contraires, il nous est facile de juger cette question avec une impartialité philosophique.

[1164] Comme on le voit par ces fleurs de rhétorique, Συνοδον παρανομον και αθεον : on a traité les évêques de τοις ματαιοφρσιν. Damascène appelle ce concile ακυρος και αδεκτος (Opera, t. I, p. 623). Spanheim a fait avec autant d’esprit que de bonne foi l’apologie du concile de Constantinople (p. 171, etc.), il a employé les matériaux que lui ont offerts les Actes du concile de Nicée (p. 1046, etc.). Le spirituel Jean de Damas dit επισκωτους, au lieu d’επισκοπους ; il donne aux évêques la nom de κοιλιοδουλους, esclaves de leur ventre ; etc. (Opera, t. I, p. 306).

[1165] On l’accuse d’avoir proscrit le titre de saint, d’avoir appelé la vierge Marie mère de Jésus-Christ, de l’avoir comparée après son accouchement à une bourse vide : on l’accuse en outre d’arianisme, de nestorianisme, etc. Spanheim, qui le défend (c. 4, p. 207), est un peu embarrassé entre les intérêts d’un protestant et les devoirs d’un théologien orthodoxe.

[1166] Le saint confesseur Théophane, donne des éloges au principe de leur rébellion (p. 339). Grégoire II (in Epist. I, ad imp. Leon., Concil., t. VIII, p. 661-664) applaudit au zèle des femmes de Byzance qui tuèrent les officiers de l’empereur.

[1167] Jean ou Mansur était un noble chrétien de Damas, qui avait un emploi considérable au service du calife. Son zèle dans la cause des images l’exposa au ressentiment et à la perfidie de l’empereur grec ; sur le soupçon d’une correspondance criminelle, on lui coupa la main droite, qui lui fut rendue par l’intervention miraculeuse de la sainte Vierge. Il résigna ensuite son emploi, distribua ses richesses, et alla se cacher dans le monastère de Saint Sabas, situé entre Jérusalem et la mer Morte. La légende est fameuse ; mais malheureusement le père Lequien, son savant éditeur, à prouvé que saint Jean Damascène avait pris l’habit monastique avant la dispute des iconoclastes, Opera, t. I, Vita S. Johannis Damascen., p. 10-13, et Notas ad loc.

[1168] Après avoir donné Léon au diable, il fait parler son héritier. (Opera Dammascen., t. I, p. 625). Si l’authenticité, de cette pièce est suspecte, nous sommes sûrs que dans d’autres ouvrages qui n’existent plus, Jean donna à Constantin les titres de νεον Μωαμεθ, Χριστομαχον, μισαγιον (t. I, p. 306).

[1169] Spanheim (p. 235-238), qui, raconte cette persécution d’après Théophane et Cedrenus, se plaît à comparer le draco de Léon avec les dragons (dracones) de Louis XIV, et tire une grande, consolation de ce jeu de mots.

[1170] Damascen., Op., t. I, p. 625. Je ne me souviens pas d’avoir lu ce serment ni cette souscription dans aucune compilation moderne.

[1171] Voyez ce que dit Théophane (Chronograph., p. 343). C’est pour cela que Grégoire est appelé par Cedrenus ανηρ αποστολικος (p. 550). Zonare spécifié cette foudre de αναθηματι συνοδικω (t. II, l. XV, p. 104, 105). Il faut observer que les Grecs sont disposés à confondre les règnes et les actions des deux Grégoire.

[1172] Voyez Baronius (Annal. ecclés., A. D. 730, n° 4, 5) : dignum exemplum ! (Bellarmin, de Rom. Pontific., l. V, c. 8) mulctavit eum parte imperii. (Sigonius, de Regno Italiæ, l. III, Opera, p. 169.) Mais ces opinions ont tellement changé en Italie, que l’éditeur de Milan, Philippe Argelatus, Bolonais et sujet du pape, corrige Sigonius.

[1173] Quod si christiani olim non deposuerunt Neronem aut Julianum, id fuit quit deerant vires temporales christianis (c’est l’honnête Bellarmin qui parle ainsi, de Rom. Pont., l. V, c. 7). Le cardinal du Perron fait une distinction qui est plus honorable aux premiers chrétiens, mais qui ne doit pas plaire davantage aux princes modernes. Il distingue la trahison des hérétiques et des apostats qui manquent à leurs serments, falsifient la marque qu’ils ont reçue, et renoncent à la fidélité qu’ils doivent à Jésus-Christ et à son vicaire (Perroniana, p. 89).

[1174] On peut citer pour exemple le circonspect Basnage (Hist. de l’Église., p. 1350, 1351) et le véhément Spanheim (Hist. imaginum), qui avec cent autres marchent sur les traces des centuriateurs de Magdebourg.

[1175] Voyez Launoy (Op., t. V, part. II, Ep. VII, 7, p. 456-474), Natalis Alexander (Hist. novi Tesstam., secul. 8 ; Dissert. I, p. 92-96), Pagi (Critica, t. III, p. 215, 216), et Giannone (Istoria civ. di Napoli, t. I, p. 317-320), disciple de l’Église gallicane. Dans les controverses, je plains toujours le parti modéré qui se tient à découvert au milieu des combattants, et exposé au feu des deux partis.

[1176] Ils en appellent à Paul Warnefrid ou le Diacre (de Gestis Landobard., l. VI, c. 49, p. 506, 507 ; in Script. Itat., Muratori, t. I, part. I), et à l’Anastase supposé (de Vit. Pont., in Muratori, t. III, part. I), à Grégoire II (p. 154), à Grégoire III (p. 158), à Zacharie (p. 161), à Étienne II (p. 165), à Paul (p. 172), à Étienne IV (p. 174), à Adrien (p. 179), à Léon III (p. 175). Mais je remarquerai que le véritable Anastase (Hist. ecclés., p. 134, édit. Reg.) et l’auteur de l’Historia Miscella (l. XXI, p. 151, in t. I Script. Ital.), tous deux écrivains du cinquième siècle, traduisent et approuvent le texte grec de Théophane

[1177] A de petites différences près, les critiques les plus savants, Lucas Holstenius, Schelestrate, Ciampini, Bianchini, Muratori (Prolegomena, ad t. III, part. I), conviennent que le Liber Pontificalis a été composé d’abord et continué ensuite par les bibliothécaires et les notaires apostoliques des huitième et neuvième siècles ; et que la dernière partie, la moins considérable, est, seule l’ouvrage d’Anastase, dont il porte le nom. Le style en est barbare, la narration pleine de partialité ; les détails sont minutieux cependant on doit le lire comme un monument curieux et authentique sur le siècle dont nous parlons ici. Les épîtres des papes sont éparses dans les volumes des conciles.

[1178] Les deux Epîtres de Grégoire II ont été conservées dans les Actes du concile de Nicée (t. VIII, p. 651-674) ; elles ne portent point de date : Baronius leur donne celle de 726 ; Muratori (Annali d’Italia, t. VI, p. 120) dit qu’elles furent écrites en 729, et Pagi en 730. Telle est la force des préventions, que des écrivains, papistes ont loué le bon sens et la modération de ces lettres.

[1179] Epist. I, p. 664. Cette proximité des Lombards est d’une dure digestion. Camillo Pellegrini (Dissert. 4, de Ducatu Beneventi, dans les Script. ital., t. V, p. 172, 173) compte avec quelque apparence de raison les vingt-quatre stades, non de Rome, mais des limites du duché romain, jusqu’à la première forteresse des Lombards, laquelle était peut-être Sora. Je crois plutôt que Grégoire, d’après la pédanterie de son siècle, employa le terme de stade au lieu de celui de mille, sans s’embarrasser de la valeur réelle du mot dont il se sert.

[1180] Il parait que le pape en imposait à l’ignorance des Grecs : il vécut et mourut dans le palais de Latran et à l’époque de son règne tous les royaumes de l’Occident avaient embrassé le christianisme. Ce Septetus inconnu ne pourrait-il pas avoir quelque rapport avec le chef de l’heptarchie saxonne, Ina, roi de Wessex, qui, sous le pontificat de Grégoire II, se rendit à Rome, non pour y recevoir le baptême, mais en qualité de pèlerin ? Pagi, A. D. 689, n° 2 ; A. D. 726, n° 15.

[1181] Liber Pontificalis, p. 156.

[1182] Un census ou capitation, dit Anastase (p. 156) ; impôt cruel et inconnu des Sarrasins eux-mêmes, s’écrient le zélé Maimbourg (Histoire des Iconoclastes, liv. I) et Théophane (p. 344), qui rappelle le dénombrement des mâles d’Israël qu’ordonna Pharaon. Cette forme d’imposition était familière aux Sarrasins ; et, malheureusement pour Maimbourg, Louis XIV, son protecteur, l’établit en France peu d’années après.

[1183] Voyez le Liber Pontificalis d’Agnellus (dans les Scriptores Rerum italicarum de Muratori, t. II, part. I). On aperçoit dans cet écrivain une teinte de barbarie plus forte ; d’où il résulte que les mœurs de Ravenne étaient un peu différentes de celles de Rome. Au reste, nous lui devons quelques faits curieux sur les événements particuliers à cette ville. Il nous fait connaître les quartiers et les factions de Ravenne (c. 154), la vengeance de Justinien II (p. 160, 161), la défaite des Grecs (p, 170, 171), etc.

[1184] Il est clair que les termes du décret comprenaient Léon : Si quis... imaginum sacrarum... destructor... extiterit, sit extorris a corpore D. N. Jesu-Christi, vel totius Ecclesiæ unitate. C’est aux canonistes à décider s’il suit du délit pour être assujetti à l’excommunication ou s’il faut être nommé dans le décret. Et cette décision intéressé extrêmement la sûreté des excommuniés ; puisque l’oracle (Gratien, Caus. 23, p. 5, chap. 47, apud Spanheim, Hist. imag., p. 112) dit homicidas non esse qui excommunicatos trucidant.

[1185] Compescuit tale consilium pontifex, sperans conversionem principis (Anastase, p. 156). Sed ne desisterent ab amore et fide R. J. admonebat (p. 157). Les papes donnent à Léon et à Constantin Copronyme les titres d’imperatores et de domini, accompagnés de l’étrange épithète de pussimi. Une célèbre mosaïque du palais de Latran (A. D. 798) représente Jésus-Christ qui remet les clefs de saint Pierre et la bannière à Constantin v. Muratori, Annali d’Italia, t. VI, p. 337.

[1186] J’ai indiqué l’étendue du duché de Rome d’après les cartes, et j’ai fait usage des cartes d’après l’excellente Dissertation du père Beretti (Chorographia Italiœ medii œvi, sect. 20, p. 216-232). Au reste, je dois observer que Viterbe a été fondée par les Lombards (p. 211), et qui les Grecs s’étaient emparés de Terracine.

[1187] On lira avec plaisir dans le Discours préliminaire de la République romaine, par M. de Beaufort (t. I), les détails, concernant l’étendue, la population, etc., du royaume romain : on n’accusera pas cet auteur d’être trop crédule sur les premiers siècles de Rome.

[1188] Luitprand, in Legat. Script. ital., tom. II, part. I, p. 481. Minos aurait pu imposer à Caton ou à Cicéron, pour la pénitence de leurs péchés, l’obligation de relire tous les jours ce passage d’un Barbare.

[1189] Pipino, regi Francorum, omnis senatus, arque universa populi generalitas a Deo servatœ Romance urbis. (Codex Carolin., epist. 36, in Script. ital., t. III, part. II, p. 160.) Les noms de senatus et de senator ne furent jamais absolument anéantis. (Dissert. chorograph., p. 216, 217.) Mais dans le moyen âge ils ne signifièrent guère que nobiles, optimates, etc. Ducange, Gloss. latin.

[1190] Voyez Muratori, Antiq. Ital. medii œvi, t, II, Dissert. 27, p. 548. On lit sur une de ces monnaies Hadrianus papa (A. D. 772) ; sur le revers, Vict. DDNN, avec le mot CONOB, que le père Joubert (Science des médailles, tome II, page 42) explique par CONstantinopoli Officina B (secunda).

[1191] Voyez la Dissertation de West sur les jeux olympiques (Pindare, vol. II, p. 32-36, édit. in-12), et les judicieuses Réflexions de Polybe (tom. I, liv. IV, p. 466, édit de Gronov.).

[1192] Sigonius (de Regno Ital., l. III, opera, t. II, p. 173) prête à Grégoire un discours au roi des Lombards, où se trouvent l’audace et le courage de ceux de Salluste ou de Tite-Live.

[1193] Deux historiens vénitiens, Jean Sagorinus (Chron. Venet., p. 13) et le doge André Dandolo (Script. Rer. ital., t. XII, p. 135), ont conservé cette épître de Grégoire. Paul Diacre (de Gest. Langobard., l. VI, c. 49-54, in Script. ital., t. I, part. I, p. 506-508) fait mention de la perte et de la reprise de Ravenne ; mais nos chronologistes Pagi et Muratori, etc., ne peuvent fixer l’époque de cet événement, non plus, que les circonstances dont il fut accompagné.

[1194] Cette incertitude est fondée sur les leçons différentes du manuscrit d’Anastase : dans l’une on lit deceperat, et dans l’autre decerpserat (Scriptor. ital., tom. III, part. I, p. 167).

[1195] Le Codex Carolinus est un recueil de Lettres des papes à Charles Martel (qu’ils appellent subregulus), à Pépin et à Charlemagne ; elles vont jusqu’à l’année 791, époque où le dernier de ces princes les recueillit. Le manuscrit original et authentique (Bibliothecœ Cubicularis) est aujourd’hui dans la bibliothèque impériale de Vienne, et il a été publié par Lambecius et Muratori (Script. Rer. ital., t. III, part. II, 75, etc. ).

[1196] Voyez cette lettre extraordinaire dans le Codex Carolinus, epist. 3, p. 92. Les ennemis des papes ont accusé Etienne de supercherie et de blasphème : toutefois ce pontife voulait persuader, plutôt que tromper. Cette méthode de faire parler les morts ou, des immortels, était familière aux anciens orateurs ; mais il faut avouer qu’en cette occasion on l’employa avec la grossièreté de l’époque dont nous parlons.

[1197] Ils négligèrent cependant cette précaution lors du divorce de la fille de Didier, que Charlemagne répudia, sine aliquo crimine. Le pape Étienne IV s’était opposé avec fureur au mariage d’un noble Franc, cum perfida, horrida, nec dicenda, fætentissima natione Langobardorum, à laquelle il attribue l’origine de la lèpre. (Cod. Carol., epist. 45, p. 178, 179.) L’existence d’une première femme était encore une raison contre ce mariage. (Muratori, Ann. d’Ital., t. VI, p. 232, 233-236, 237.) Mais Charlemagne se permettait librement la polygamie ou le concubinage.

[1198] Voyez les Annali d’Italia, de Muratori, t. VI, et les trois premières Dissertations de ses Antiquitat. Italia mediœ œvi, t. I.

[1199] Outre les historiens ordinaires, trois critiques français, Launoy (Opera, t. V, part. II, l. VII, epist. 9, p. 477-487), Pagi (Critica, A. D. 751, n° 1-6 ; A. D. 752, n° 1-10) et Natalis Alexander (Hist. Novi Testamenti, Dissertat. 2, p. 96-107), ont savamment et soigneusement traité ce sujet de la déposition de Childéric ; mais en contournant les faits, pour sauver l’indépendance de la couronne. Cependant ils se trouvent terriblement pressés par les passages qu’ils tirent d’Eginhard, de Théophane et des anciennes Annales Laureshamenses, Fuldenses, Loisielani.

[1200] Ce ne fut pas rigoureusement pour la première fois qu’on employa l’onction des rois d’Israël ; quoique sur un théâtre moins éclatant, les évêques de la Bretagne et de l’Espagne l’avaient déjà employée aux sixième et septième siècles. L’onction royale de Constantinople fut empruntée des Latins, à la dernière époque de l’empire. Constantin Manassès parle de celle de Charlemagne comme d’une cérémonie étrangère, juive et incompréhensible. Voyez les Titres d’honneur de Selden dans ses ouvrages, vol. 3 ; part. I, p. 234-240.

[1201] Voyez Eginhard, in Vita Caroli Magni, c. 1, p. 9, etc. ; c. 3, p. 24. Childéric fut déposé, jussii, et la race Carlovingienne fut établie sur le trône, auctoritate ponticis romani. Launoy et d’autres écrivains disent que ces mots très énergiques sont susceptibles d’une interprétation très adoucie : je le veux bien ; cependant Eginhard connaissait bien le monde, la cour, et la langue latine.

[1202] Voyez sur le titre, et les pouvoirs de patricien de Rome, Ducange (Gloss. lat., t. V, p. 149-151), Pagi (Crit., A. D. 740 n° 6-11), Muratori (Annali d’Italia, tom. VI, p. 308-329) et Saint-Marc (Abrégé chronologique de l’Italie, p. 399-382). De tous ces écrivains, le cordelier Pagi est le plus disposé à voir dans le patrice un lieutenant de l’église plutôt que de l’empire.

[1203] Les défenseurs du pape peuvent adoucir la signification symbolique de la bannière et des clefs ; mais les mots ad regnum dimisimus ou direximus (Codex Carol., epist. 1, tom. III, part. II, p. 76) ne semblent souffrir ni palliatifs ni subterfuges. Dans le manuscrit de la Bibliothèque de Vienne on lit rogum, prière ou requête, au lieu de regnum (voyez Ducange), et cette correction importante détruit la royauté de Charles Martel. Catalani, dans ses Préfaces critiques des Annali d’Italia, t. XVII, p. 95-99.

[1204] On lit dans le Liber Pontificalis, qui contient des détails authentiques sur cette réception : Obviam illi ejus sanctitas dirigens venerabiles cruces, id est signa ; sicut mos est ad exarchum, aut patricium suscipiendum, eum cum ingent, honore suscipi fecit (t. III, part. I, p. 185).

[1205] Paul Diacre, qui écrivit avant l’époque où Charlemagne prit le titre d’empereur, parle de Rome comme d’une ville sujette de ce prince. Vestras civitates (ad Pompeium-Festum) suis addidit sceptris (de Metensis Ecclesiœ episcopis). Des médailles carlovingiennes frappées à Rome, ont engagé Le Blanc dans une dissertation, pleine de recherches, mais très partiale, touchant l’autorité qu’avaient les rois de France sur Rome, en qualité, de patrices et d’empereurs (Amsterdam, 1692, in-4°).

[1206] Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 263) examine cette donation avec autant de sagesse que de bonne foi. L’acte original n’a jamais été produit ; mais le Liber Pontificalis décrit ce beau présent (p. 171), et le Codex Carolinus le suppose. Ces deux ouvrages sont des monuments contemporains, et le dernier est d’autant plus authentique, qu’on l’a conservé dans la bibliothèque de l’empereur, et non dans celle du pape.

[1207] Entre les réclamations exorbitantes et les concessions très bornées de l’intérêt et du préjugé dont n’est pais exempt Muratori lui-même (Antiquitat., t. I, p. 65-68), j’ai pris pour guide, dans la fixation des limites de l’exarchat et de la Pentapole, la Dissert. chorograph. Italiæ medii œvi, t. X, p. 160-180.

[1208] Spoletini deprecati sunt, ut eos in servitio B. Petri reciperet et more Romanorum tonsurari faceret (Anastase, p. 185) ; mais on peut demander s’ils donnèrent leur personne ou leur pays.

[1209] Saint-Marc (Abrégé, t. I, p. 390-408), qui a bien étudié le Codex Carolinus, examine avec soin quelle fut la politique et quelle fut la donation de Charlemagne. Je crois avec lui que cette donation ne fut que verbale. Le plus ancien acte de donation qu’on allégué est celui de l’empereur Louis le Pieux (Sigonius, de Regno Italiœ, l. IV, Opera, t. II, p. 267-270). On doute beaucoup de son authenticité, ou du moins de son intégrité (Pagi, A. D. 817, n° 7, etc. ; Muratori, Annali, t. VI, p. 432, etc. ; Dissertat. chorographica, p. 33, 34) ; mais je ne trouve dans les auteurs aucune objection raisonnable fondée sur la manière dont ces princes disposaient librement de ce qui ne leur appartenait pas.

[1210] Charlemagne demanda les mosaïques du palais de Ravenne à Adrien Ier, à qui elles appartenaient ; il les obtint : il voulait en décorer Aix-la-Chapelle (Codex Carol., epist. 67, p. 223).

[1211] Les Papes se plaignent sauvent des usurpations de Léon de Ravenne (Codex Carol., epist. 51, 52, 53, p. 200-205). Si corpus S. Andreœ, fratris germani S. Petri, hic humasset, nequaquam nos romani pontices sit subjugassent (Agnellus, Liber Pontificalis, in Script. Rerum ital., t. II, part. i, p. 107.

[1212] Pussimo Constantino magno, per ejus largitatem S. R. Ecclesia elevata et exaltata est, et potestateni in his Hesperiæ partibus largiri dignatus est... Quia ecce novus Constantinus his temporibus, etc. (Cod. Carol., epist. 49, in t. III, part. II, p. 195). Pagi (Critica, A. D. 324, n° 16) les attribue à un imposteur du huitième siècle ; qui prit le nom de saint Isidore. C’est par ignorance, mais d’une manière assez heureuse, que de son humble titre de peccator on fit relui de mercator. Ces pièces supposées ont été en effet d’un bon débit, et peu de feuilles de papier ont été payées de tant de richesse et de pouvoir.

[1213] Fabricius (Bibl. græc., t. VI, p. 4-7) a indiqué les différentes éditions de cet acte en grec et en latin. La copie que rapporte Laurent Valla, et qu’il réfute, paraît avoir été faite sur les actes supposés de saint Sylvestre, ou sur le décret de Gratien, auquel, selon lui et les autres écrivains, on l’a ajouté d’une manière subreptice.

[1214] C’est en 1059 que, selon l’opinion du pape Léon II et du cardinal Pierre Damien (était-ce bien leur opinion ?), Muratori (Annali d’Italia, tom. IX, p. 23, 24) place les prétendues donations de Louis le Pieux, d’Othon, etc. (de Donatione Constantini). Voyez une Dissertation de Natalis Alexander, seculum 4, Dissert. 25, p. 335, 350.

[1215] Voyez de grands détails sur cette controverse (A. D. 1105), qui s’éleva à l’occasion d’un procès, dans le Chronicon Farsense (Script. Rer. Ital., t. II, part. II, p. 637, etc.), et un extrait étendu des archives de cette abbaye des bénédictins. Ces archives étaient autrefois accessibles à la curiosité des étrangers (Le Blanc et Mabillon), et ce qu’elles contiennent aurait enrichi le premier volume de l’Historia monastica Italiæ de Quirini ; mais la timide politique de Rome les tient aujourd’hui renfermées (Muratori, Script. Rerum ital., t. II, part. II, p. 269) ; et Quirini, qui songeait au chapeau de cardinal, céda à la voix de l’autorité et aux insinuations de l’ambition. Quirini, Comment., part. II, p. 123-136.

[1216] J’ai lu dans la collection de Schardius (De Potestate imperiali ecclesiastica, p. 734-780) ce discours plein de chaleur, qui fut composé par Valla (A. D. 1440), six ans après la fuite du pape Eugène IV. C’est un pamphlet très véhément et dicté par l’esprit de parti. L’auteur justifie, et excite la révolte des Romains ; et on voit qu’il aurait approuvé l’usage du poignard contre leur tyran sacerdotal. Un pareil critique devait s’attendre à la persécution du clergé ; il fit cependant sa paix, et il est enterré à Latran. Bayle, Dictionn. critique, art. VALLA ; Vossius, de Histor. latin., p. 580.

[1217] Voyez Guichardin, serviteur des papes, dans cette longue et précieuse digression, qui a repris sa place dans la dernière édition très correcte publiée d’après le manuscrit de l’auteur, et imprimée en quatre volumes in-4° sous le nom de Fribourg, 1775 (Istoria d’Italia, t. I, p. 385-395).

[1218] Le paladin Astolphe retrouva cet acte dans la lune, parmi les choses qui s’étaient perdues sur la terre (Orlando Furioso, XXXIV, 80).

Di vari fiori ad un gran monte passa,

Ch’ ebbe gia buono odore, or puzza forte,

Questo era il dono (se pero dir lece)

Che Costantino al buon Silvestro fece.

Toutefois une bulle du pape Léon X a approuvé ce poème incomparable.

[1219] Voyez Baronius, A. D. 324, n° 117-123 ; A. D. 1191, n° 51, etc. Il voudrait supposer que Constantin offrit Rome à Sylvestre, et que ce pape le refusa. Il a une idée assez étrange de l’acte de donation ; il le regarde comme ayant été fabriqué par les Grecs.

[1220] Baronius n’en dit guère contre ; encore en a-t-il trop dit, et l’on voulait sans moi (cardinal du Perron), qui l’empêchai, censurer cette partie de son histoire. J’en devisai un jour avec le pape, et il ne me répondit autre chose : Che volete ? i canonici la leggono ; il le disait en riant. Perroniana, p. 77.

[1221] Le reste de l’histoire des images depuis Irène jusqu’à Théodora, a été fait, du côté des catholiques, par Baronius et Pagi (A. D. 780-840), par Natalis Alexander (Hist. N. T., seculum 8 ; Panoplia adversus hœreticos, p. 118-178), et par Dupin (Bibl. ecclés., t. VI, p. 136-154) ; du côté des protestants, par Spanheim (Hist. Imag., p 305-639), par Basnage (Hist. de l’Église, t. I, p. 556-572 ; t. II, p. 1362-1385), et par Mosheim (Institut. Hist. ecclés., secul., 8 et 9). Les protestants, excepté Mosheim, sont aigris par la controverse ; mais les catholiques, excepté Dupin, se montrent enflammes de toute la fureur et de toute la superstition monacale ; et Le Beau lui-même (Hist. du Bas-Empire), qui était un homme du monde et un savant, se laisse gagner par cette odieuse contagion.

[1222] Voyez les Actes en grec et en latin du second concile de Nicée, avec les pièces qui y sont relatives, dans le huitième volume des conciles (p. 645-1600). Une version fidèle, accompagnée de notes critiques, exciterait, selon la disposition des lecteurs, ou un soupir ou un sourire.

[1223] Les légats du pape qui assistèrent au concile étaient des messagers envoyés par hasard, des prêtres sans mission spéciale, et qui furent désavoués à leur retour. Les catholiques persuadèrent à des moines vagabonds de représenter les patriarches d’Orient. C’est Théodore Studite, l’un des plus ardents iconoclastes de son siècle, qui révèle cette curieuse anecdote. Epist. 38, in Sirmond, Opp., t. V, p. 1319.

[1224] Actio IV, p. 109 ; Actio V, p. 1031.

[1225] Voyez les détails sur cette controverse dans l’Alexis d’Anne Comnène (l. V, p. 129), et dans Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 371, 372).

[1226] Nous voulons parler ici des Libri Carolini (Spanheim, p. 443-529), composés dans le palais ou les quartiers d’hiver de Charlemagne à Worms (A. D. 790), et envoyés par Engebert au pape Adrien Ier ; qui, en les recevant, écrivit une grandis et verbosa epistola. (Concil., t. VIII, p. 1553.) Ces Carolines proposent cent vingt objections contre le concile de Nicée, et voici des échantillons des fleurs de rhétorique qu’on y trouve : Dementiam priscæ gentilitatis.... obsoletum errorem... argumenta insanissima et absurdissima... derisione dignas nœnias, etc.

[1227] Les assemblées que convoqua Charlemagne avaient rapport à l’administration, ainsi qu’à l’Eglise ; et les trois cents membres (Nat. Alexander, sec. 8, p. 53), qui siégèrent et donnèrent leur voix à l’assemblée de Francfort, devaient comprendre non seulement les évêques, mais les abbés et les principaux laïques.

[1228] Qui supra sanctissima patres nostri (episcopi et sacerdotes) omni modis servitium et adorationern imaginum renuentes ; contempserunt, atque consentientes condemnaverunt (Concil., t. IX, p. 101, canon 2, Francfort). Il faudrait avoir le cœur bien dur pour ne pas prendre en compassion les efforts de Baronius, de Pagi, d’Alexandre et de Maimbourg, etc., pour éluder cette malheureuse sentence.

[1229] Théophane (p. 343) indique les domaines de la Sicile et de la Calabre, qui donnaient un revenu annuel de trois talents et demi d’or (peut-être sept mille livres sterl.). Luitprand fait une plus pompeuse énumération des patrimoines de l’Église romaine dans la Grèce, la Judée, la Perse, la Mésopotamie, la Babylonie et la Libye, injustement retenus par l’empereur grec. Legat. ad Nicephorum, in Script. Rerum ital., t. II, part. I, p. 481.

[1230] Il s’agit ici du grand diocèse de l’Illyrie orientale avec la Pouille, la Calabre et la Sicile. (Thomassin, Discipl. de l’Égl., t. I, p. 145.) De l’aveu des Grecs, le patriarche de Constantinople avait détaché de Rome les métropolitains de Thessalonique, d’Athènes, de Corinthe, de Nicopolis et de Patras (Luc. Holsten., Geograph. sacra, p. 22) ; et ses conquêtes spirituelles s’étendaient jusqu’à Naples et Amalfi. Giannone, Istor.. civ. di Napoli, t. I, p. 517- 524 ; Pagi, A. D. 730, n° 11.

[1231] In hoc ostenditur, quia ex uno capitulo ab errore reversisis aliis duobus, in EODEM (était-ce le même ?) permaneant errore... de diocesi S. R. E., seu de patrimoniis iterum increpantes commonemus, ut si ea restituere noluerit, hœreticum eum pro hujus modi errore perseverantia decernemus. (Epist. Adriani papœ ad Carolum Magnum, in Concil., t. VIII, p. 1598.) Il ajoute une raison directement opposée à sa conduite ; il dit qu’il préfère aux biens de ce monde périssable, le salut des âmes et la règle de la foi.

[1232] Fontanini ne voit dans les empereurs que les avocats de l’Église, advocatum et defensor S. R. E. (Voyez Ducange, Gloss. lat., t. I, p. 97.) Muratori, son adversaire, ne fait du pape que l’exarque de l’empereur. Selon l’opinion plus impartiale de Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 264, 265), les papes tenaient Rome en qualité de vassaux de l’empire, et comme possédant la plus honorable espèce de fief ou de bénéfice : au reste, ces détails premuntrur nocte caliginosa !

[1233] Une épitaphe de trente-huit vers, dont Charlemagne se déclare l’auteur (Concil., t. VIII, p. 520), rend compte de son mériter et de ses espérances.

Post patient lacrymans Carolus hœc carmina scripsi.

Tu mihi dulcis amor, te modo plango pater.....

Nomina jungo simul titulis, clarissime, nostra

Adrianus, Carolus, rex ego, tuque pater.

On peut croire qu’Alcuin fit ces vers, mais que ce glorieux tribut de larmes venait de Charlemagne.

[1234] On dit à chaque nouveau pape : Sancte pater, non videbis annos Petri, vingt-cinq ans. En examinant la liste des papes, on voit que le terme moyen de leur règne est d’environ huit ans ; terme bien court pour un cardinal ambitieux.

[1235] Anastase (t. III, p. 197, 198) le dit positivement, et quelques annalistes français le croient aussi ; mais Eginhard et d’autres écrivains du même siècle sont plus raisonnables ou de meilleure foi. Unus ei oculus paululum est lœsus, dit Jean diacre de Naples (Vit. episcop. Napl., in Scriptores Muratori, t. I, part. II, p. 32). En contemporain, Théodulphe, évêque d’Orléans, observe avec prudence (l. III, carmine 3) :

Reddita sunt ? mirum est : mirum est auferre nequisse.

Est tamen in dubio, hinc mirer an inde magis.

[1236] Il se montra deux fois dans Rome, à la requête d’Adrien et de Léon ; longa tunica et chlamyde amictus ; et calceamentis quo que romano, more formatis. Eginhard (c. 23, p. 109-113) décrit, à la manière de Suétone, la simplicité de son habit, tellement reçu en France, que lorsque Charles le Chauve revint en France avec un habillement étranger, on voyait les chiens patriotes aboyer après lui. Gaillard, Vie de Charlemagne, t. IV, p. 109.

[1237] Voyez Anastase (p. 199) et Eginhard (c. 28, p. 124-128). Théophane (p. 399) parle de l’onction ; Sigonius (d’après l’Ordo romanus) du serment ; et les Annales Bertiniani (Script. Muratori, t. II, part. II, p. 505) de l’adoration du pape, more antiquorum principum.

[1238] Ce grand événement de la translation ou restauration de l’empire d’Occident est raconté et discuté par Natalis Alexander (seculum 9, Dissert. I, p. 390-397), par Pagi (t. III, p. 418), par Muratori (Annali d’Italia, tom. VI, p. 339-352), par Sigonius (de Regno Italiœ, l. IV, Opp., t. II, p. 247-251), par Spanheim (de ficta .Translatione imperii), par Giannone (t. I, p. 395-405), par Saint-Marc (Abrégé chronologique, t. I, p. 438-450), et par M. Gaillard (Hist. de Charlemagne, t. II, p. 386-446). Presque tous ces modernes sont soumis à quelques préventions religieuses ou nationales.

[1239] Mably (Observ. sur l’Hist. de France), Voltaire (Hist. générale), Robertson (Hist. de Charles-Quint) et Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXXI, c. 28) ont donné de grands éloges à Charlemagne. M. Gaillard a publié en 1782 l’histoire de ce prince (4 vol. in-12), qui m’a été fort utile, et dont j’ai usé librement. L’auteur est judicieux et humain, et son ouvrage est élégant et soigné. Au reste j’ai examiné aussi les monuments originaux des règnes de Pépin et de Charlemagne dans le cinquième volume des Historiens de France.

[1240] La vision de Weltin, composée par un moine, onze ans après la mort de Charlemagne, le montre dans le purgatoire, ou un vautour lui déchire l’organe de ses criminels plaisirs, en respectant toutes les autres parties de son corps, emblème de ses vertus. Voyez Gaillard, tom. II, pages 317-360.

[1241] Le mariage d’Eginhard avec Emma, fille de Charlemagne est, selon moi, assez réfuté par le probrum et le suspicio jetés par lui sur ces belles-filles, sans en excepter celle qu’on lui donne pour épouse (c. 19, p. 95-100, cum notis Schmincke) ; c’eut été pour un mari avoir âme trop forte que de remplir si bien les devoirs d’un historien.

[1242] Outre les massacres et les transmigrations qu’essuyèrent les peuples de la Saxe, Charlemagne soumit à la peine de mort les crimes suivants : 1° le refus du baptême ; 2° ceux qui, pour éviter ce baptême, se diraient baptisés ; 3° le retour à l’idolâtrie ; 4° le meurtre d’un prêtre ou d’un évêque ; 5° les sacrifices humains ; 6° ceux qui mangeraient de la viande pendant le carême ; mais tous les crimes étaient expiés par le baptême ou par une pénitence (Gaillard, t. II, p. 241-247), et les chrétiens saxons devenaient les égaux et les amis des Français. Struv., Corpus Hist. germanicœ, page 133.

[1243] Le fameux Rutland, Roland, Orlando, fut tué dans cette action cum compluribus aliis. La vérité se trouve dans Eginhard (c. 9, Hist. de Charlemagne, p. 51-56) et la fable, dans un supplément ingénieux de M. Gaillard (t. III, p. 474). Les Espagnols sont trop fiers d’une victoire que les monuments historiques attribuent aux Gascons, et les Romains aux Sarrasins.

[1244] Cependant Schmidt fait connaître, d’après les meilleures autorités, les désordres intérieurs et la tyrannie de son règne. Hist. des Allemands, t. II, p. 45-49.

[1245] Omnis homo ex sua proprietate legitimam decimam ad Ecclesiam conferat. Experimento enim didicimus, in anno, quo valida illa fames irrepsit, ebullire vacuas annonas a dæmonibus devorratas, in voces exprobrationis auditas. Tel est le décret et l’assertion du grand concile de Francfort (Canon XXV, t. IX, p. 105). Selden (Hist. of Tithes ; Works, v. III, part. 2, p. 1146) et Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXXI, c. 12) représentent Charlemagne comme le premier auteur légal de la dîme. Les propriétaires lui ont une grande obligation.

[1246] Eginhard (c. 25, p. 119) affirme clairement : tentabat et scribere.... sed parum prospere successit labor prœposterus et sero inchoatus. Les modernes ont perverti et corrigé le sens naturel de ces paroles, et le titre seul de la dissertation de M. Gaillard (t. III, p. 247-260) laisse apercevoir sa partialité.

[1247] Voyez Gaillard, t. III, p. 138-176, et Schmidt, t. II, p. 121-129.

[1248] M. Gaillard (t. III, p. 872.) fixe la taille de Charlemagne (voyez une dissertation de Marquard Freher, ad. calcem Eginhard, p. 220, etc.) à cinq pieds neuf pouces de France, c’est-à-dire à environ six pieds un pouce et un quart, mesure d’Angleterre. Les romanciers lui ont donné huit pieds ; ils attribuent à ce géant une force et un appétit extraordinaires : d’un seul coup de sa bonne épée, la joyeuse, il partageait en deux un cavalier et son cheval ; il mangeait dans un seul repas une oie, deux volailles, un quartier de mouton, etc.

[1249] Voyez un ouvrage concis, mais exact et original, de M. d’Anville (États formés en Europe après la chute de l’Empire romain en Occident, Paris, 1771, in-4°), dont la carte renferme tout l’empire de Charlemagne. Les différentes parties sont éclaircies, relativement à la France, par Valois (Notitia Galliarum), relativement à l’Italie, par Beretti (Dissertatio chororaphica), et relativement à l’Espagne, par Marca (Marca Hispanica). J’avoue que j’ai peu de matériaux sur la géographie du moyen âge de l’Allemagne.

[1250] Eginhard, après avoir raconté brièvement les guerres et les conquêtes de Charlemagne (Vit. Carol., c. 5-14), récapitule en peu de mots (chap. 15) les diverses contrées soumises à son empire. Struve (Hist. german., p. 118-149) a inséré dans ses notes les textes des anciennes chroniques.

[1251] Une chartre accordée au monastère d’Alaon (A. D. 845) par Charles le Chauve, donne cette généalogie. Je ne sais si dans cette chaîne tous les anneaux des neuvième et dixième siècles sont aussi solides que le reste. Cependant la généalogie est approuvée et défendue en entier par M. Gaillard. (t. II, p. 60-81, 203-206), qui assure que la famille de Montesquiou (non pas celle du président de Montesquieu) descend, par les femmes, de Clotaire et de Clovis : prétention innocente.

[1252] Les gouverneurs ou les comtes de la Marche espagnole levèrent, environ vers l’an 900, l’étendard de la révolte contre Charles le Simple ; et les rois de France n’en ont recouvré qu’une faible partie (le Roussillon) en 1642. (Longuerue, Description de la France, t. I, p. 220-222.) Au reste, le Roussillon contient cent quatre-vingt-huit mille neuf cents habitants, et il paie deux millions six cent mille livres d’impôt (M. Necker, Administration des Finances, t. I, p. 278, 279) c’est-à-dire qu’il renferme peut-être plus d’habitants et rapporte sûrement plus d’impôts que toute la Marche de Charlemagne.

[1253] Schmidt, Hist. des Allemands, t. II, p. 200, etc.

[1254] Voyez Giannone, t. I, p. 374, 375 ; et les Annales de Muratori.

[1255] Il n’entreprit la jonction du Rhin et du Danube que pour faciliter les opérations de la guerre de Pannonie. (Gaillard, Vie de Charlemagne, t. II, p. 312-315). Des pluies excessives, des travaux militaires et des frayeurs superstitieuses, interrompirent ce canal, qui n’aurait eu que deux lieues de longueur, et dont on voit encore quelques vestiges dans la Souabe. Schæpflin, Hist. de l’Acad. des Inscript., t. XVIII, p. 256 ; Molimina fluviorum, etc., jungendorum, p. 59-62.

[1256] Voyez Eginhard (c. 16) et M. Gaillard (t. II, p. 361-385), qui rapporte, sans trop dire sur quelle autorité, la correspondance de Charlemagne et d’Egbert, le don que l’empereur fit de son épée au prince saxon, et la modeste réponse de celui-ci. Cette anecdote, si elle est véritable, aurait été un ornement de plus pour nos histoires d’Angleterre.

[1257] Les Annales françaises parlent seules de cette correspondance de Charlemagne avec Haroun-al-Raschid ; et les Orientaux ont ignoré l’amitié du calife pour un chien de chrétien, expression polie qu’employait Haroun en parlant de l’empereur des Grecs.

[1258] M. Gaillard, tom. II, p. 331-365, 471-476, 492. Je lui ai emprunté ses remarques judicieuses sur le plan de conquête de Charlemagne, et la distinction non moins judicieuse qu’il a faite de ses ennemis de la première et de la seconde enceinte (t. II, p. 184, 509, etc.)

[1259] Thegan, le biographe de Louis, raconte ce couronnement ; et Baronius a eu la bonne foi de le transcrire (A. D. 813, n° 13 etc. ; voyez Gaillard, tom. IX, p. 506, 507, 508) ; quoiqu’il soit bien contraire aux prétentions des papes. Voyez, sur la suite des princes carlovingiens, les historiens de France, d’Italie et d’Allemagne, Pfeffel, Schmidt, Velly, Muratori, et même Voltaire, dont les tableaux sont quelquefois exacts et toujours agréables.

[1260] Il était fils d’Othon, fils de Ludolph, en faveur duquel avait été institué le duché de Saxe, A. D. 858. Ruogerus, le biographe de saint Bruno (Bibl. Bunavianæ Catalog., t. III, vol. 2, p 679), peint la famille de ce prince sous les traits les plus brillants : Atavorum ætavi usque ad hominum memoriam omnes nobilissimi ; nullus in eorum stirpe ignotus, nullus degener facile reperitur. (Apud Struvium, Corp. Hist. german., p. 216.) Cependant Gundling (in Henr. Aucupe) n’est pas persuadé qu’il descendît de Witikind.

[1261] Voyez le traité de Conring (de Finibus imperii germanici, Francfort, 1680, in-4°). Il rejette les idées extravagantes qu’on a voulu nous donner sur l’étendue des empires de Rome et des Carlovingiens ; il discute avec modération les droits de la Germanie, ceux de ses vassaux et de ses voisins.

[1262] La force de l’usage m’oblige à placer Conrad Ier et Henri Ier l’Oiseleur, au nombre des empereurs, titre que ne prirent jamais ces rois de la Germanie. Les Italiens, Muratori, par exemple, sont plus scrupuleux, et plus exacts, et ils ne comptent que les princes qui furent couronnés à Rome.

[1263] Invidiam tamen suscepti nominis C. P. imperatoribus super hoc indignantibus magna tulit patientia, vicitque eorum contumaciam.... Mittenda ad eos crebras legationes ; et in epistolis fratres cos appellando. (Éginhard, c. 28, p. 128.) Ce fut peut-être à cause d’eux qu’à l’exemple d’Auguste il affecta quelque répugnance à recevoir l’empire.

[1264] Théophane parle du couronnement et de l’onction de Charles, Καρουλλος (Chronograph., p. 399), et de son traité de mariage avec Irène (p. 402), qui est inconnu aux Latins. M. Gaillard rapporte les négociations de ce prince avec l’empire grec (t. II, p. 446-468)

[1265] M. Gaillard observe très bien que tout cet appareil n’était qu’une sorte de farce convenable seulement à des enfants, mais que c’était devant et pour de grands enfants qu’avait lieu cette représentation.

[1266] Comparez, dans les textes originaux recueillis par Pagi (t. III, A. D. 812, n° 7 ; A. D. 824, n° 10, etc.), le contraste de Charlemagne et de son fils. Lorsque les ambassadeurs de Michel (lesquels, il est vrai furent désavoués) s’adressèrent au premier, more suo, id est, lingua græca laudes dixerunt, imperatorem eum et βασιλεα appellantes, et ils appliquèrent au dernier ces expressions : Vocato imperatori Francorum, etc.

[1267] Voyez cette lettre dans les Paralipomena de l’auteur anonyme de Salerne (Script. Ital., t. II, p. 243-254, c. 93-107), que Baronius (A. D. -871, n° 51-71) a pris par erreur pour Erchempert, lorsqu’il l’a copié dans les Annales.

[1268] Ipse enim vos, non IMPERATOREM, id est, βασιλεα SUA LINGUA, SED OB INDIGNATIONEM ρηγα, id est, regem nostra vocabat (Luitprand, in Legat. in Script. Ital., t. II, part. I, p. 479.) Le pape avait exhorté Nicéphore, empereur des Grecs, à faire la paix avec Othon, auguste empereur des Romains. QUÆ INSCRIPTIO secundum Grœcos peccatoria et temeraria.... Imperatorem inquuint, UNIVERSALEM, ROMANORUM, AUGUSTUM, MAGNUM, SOLUM, NICEPHORUM (p. 486).

[1269] On trouve l’origine et les progrès du titre de cardinal dans Thomassin (Discipline de l’Église, t. I, p. 1261-1298), dans Muratori (Antiquit. Ital. medii œvi, t. VI, Dissert. 61, p. 159-182), et dans Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 345-347), qui remarque avec exactitude les formes de l’élection et les changements qu’elle a subis. Les cardinaux évêques, si fort relevés par Pierre Damien, sont tombés au niveau des autres membres du sacré collège.

[1270] Firmiter jurantes ; numquam se papam electuros aut ordinaturos, prœter consensum et electionem Othonis et filii sui. (Luitprand, l. VI, c. 6, p. 472.) Cette importante concession peut suppléer ou confirmer le décret du clergé et du peuple de Rome, rejeté avec tant de hauteur par Baronius, Pagi et Muratori (A. D. 964), si bien défendu et si bien expliqué par Saint-Marc (Abrégé, t. II, p. 808-816 ; t. IV, p. 1167-1185). Cet historien critique doit être consulté, ainsi que les Annales de Muratori, sur l’élection et la confirmation de chaque pape.

[1271] L’Histoire et la Légation de Luitprand (voyez p. 440-450, 471-476, 479, etc.) peignent avec force l’oppression et les vices du clergé de Rome au dixième siècle. Il est assez bizarre de voir Muratori adoucissant les invectives de Baronius contre les papes ; mais il faut observer que ces papes avaient été choisis non par des cardinaux, mais par des laïques.

[1272] L’époque où l’on place la papesse Jeanne (papissa Johanna) est un peu antérieure à celle de Théodora et de Marozia, et les deux années de son règne imaginaire sont insérées entre Léon IV et Benoît III ; mais Anastase, leur contemporain, établit d’une manière indubitable que l’élévation de Benoît suivit immédiatement la mort de Léon (illico, mox, p. 247). L’exacte chronologie de Pagi, de Muratori et de Leibnitz, fixe ces deux événements à l’année 857.

[1273] Les auteurs qui soutiennent qu’il y a eu une papesse Jeanne produisent cent cinquante témoins, ou plutôt cent cinquante échos du quatorzième, du quinzième et du seizième siècle. En multipliant ainsi les témoignages, ils fournissent une preuve contre eux et contre la légende, puisqu’ils prouvent à quel point-il eût été impossible que cette histoire si curieuse n’eût pas été répétée par les écrivains de tous les genres, à qui elle aurait dû être parfaitement connue. Un fait si récent aurait fait une double impression sur ceux du neuvième et du dixième siècle. Photius aurait-il négligé une pareille accusation ? Luitprand aurait-il oublié un pareil scandale ? Ce n’est pas la peine de discuter les diverses leçons de Martinus Polonus, de Sigebert de Geblours, ou même de Marianus Scotus ; mais le passage de la papesse Jeanne, inséré par surprise dans quelques manuscrits et éditions du Romain Anastase, est d’une fausseté palpable.

[1274] Cette histoire doit être regardée comme fausse, mais non pas comme incroyable. Supposons que le fameux chevalier français (mademoiselle d’Eon), qui de nos jours a fait tant de bruit, fût né en Italie, et qu’il eût été élevé dans l’Église, le mérite ou la fortune aurait pu l’élever sur le trône de saint Pierre, il aurait pu se livrer à l’amour, et il aurait été malheureux, mais non pas impossible, qu’il accouchât au milieu de la rue.

[1275] Jusqu’à la réformation on répéta et on crut ce conte, sans que personne en fût révolté ; et la statue de la papesse Jeanne se trouva longtemps parmi celles des papes dans la cathédrale de Sienne (Pagi, Critica, t. III, p. 624-626). Ce roman a été bien anéanti par deux protestants très éclairés, Blondel et Bayle (Dictionnaire critique, article PAPESSE, POLONUS, BLONDEL) ; mais leur parti fut scandalisé de cette critique équitable et généreuse. Spanheim et Lenfant essaient de maintenir ce misérable objet de controverse, et Mosheim lui-même veut bien encore conserver des doutes (p. 289).

[1276] Luitprand, Hist., l. VI, c. 6, p. 471. Voyez aussi ce qui a rapport à la conduite et au libertinage de Jean XII, p. 471-476.

[1277] On peut citer comme un nouvel exemple des maux qu’a produits l’équivoque, le beneficium (Ducange, tom. I, p. 617, etc.) que le pape accorda à l’empereur Frédéric Ier, puisque le terme latin pouvait signifier un fief légal, ou une simple faveur, un bienfait. Voyez Schmidt, Histoire des Allemands, t. III, p. 393-408 ; Pfeffel, Abrégé chronologique, t. I, p. 229, 296, 317, 324, 420, 430, 500, 505, 509, etc.

[1278] Voyez sur l’histoire des empereurs relativement à Rome et à l’Italie, Sigonius (de Regno Italiœ, Opp., t. II, avec des notes de Saxius), et les Annales de Muratori, qui aurait pu faire des renvois plus précis aux auteurs contenus dans sa grande collection.

[1279] Voyez la dissertation de Le Blanc à la fin de son Traité des Monnaies de France, il fait connaître quelques monnaies romaines des empereurs français.

[1280] Luitprand, l. III, c. 12, p. 450. Sigonius (l. VI, p. 400) assure, d’une manière positive, qu’on rétablit le consulat ; mais, dans les vieux auteurs, Albéric est appelé plus souvent princeps Romanorum.

[1281] Ditmar, p. 354, apud Schmidt, t. III, p. 439.

[1282] Ce sanglant festin se trouve décrit en vers léonins, dans le Panthéon de Godefroy de Viterbe (Scriptor. Ital., t. VII, p. 436, 437), qui vécut sur la fin du douzième siècle (Fabricius, Bibl. lat. med. et infimi œvi, t. III, p. 69, édit. Manfi) ; mais Muratori (Annali, t. VII, p. 177) se méfie avec raison de son témoignage, qui a imposé à Sigonius.

[1283] On trouve des détails sur le couronnement de l’empereur, et sur quelques cérémonies du dixième siècle, dans le Panégyrique de Bérenger (Script. Ital., t. II, part. I, p. 405-414), éclairci par les notes d’Adrien de Valois et de Leibnitz. Sigonius a raconté en bon latin, mais avec quelques fautes de dates et quelques erreurs de fait (l. VII, p. 441-446), tout ce qui a rapport aux voyages de ces empereurs à Rome.

[1284] A l’occasion d’une querelle qui survint au couronnement de Conrad II, Muratori prend la liberté d’observer que doveano ben essere allora indisciplinati i Barbari, e bestiali i Tedeschi. Annali, t. VIII, p. 368.

[1285] Après les avoir fait bouillir. Les vases destinés à cet objet étaient au nombre des ustensiles indispensables au voyage ; et un Germain qui faisait bouillir les os de son frère dans un de ces vases, le promettait à son ami, lorsqu’il s’en serait servi. (Schmidt., t. III, p. 423, 424.) Le même auteur observe que toute la lignée saxonne s’éteignit en Italie (t. II, p. 440).

[1286] Othon, évêque de Freysingen, nous a laissé un passage important sur les villes d’Italie (l. I, c. 13, in Script. Ital., t. VI, p. 707-710), et Muratori (Antiquit. Ital. medii œvi, t. IV, Dissert. 45-52, p. 1-675 ; Annal., t. VIII, IX, X) explique parfaitement la naissance, le progrès et le gouvernement de ces républiques.

[1287] Voyez sur ces titres, Selden (Titles of Honour, vol. III, part. I, p. 488), Ducange (Glossar. latin., t. II, p. 140 ; t. VI, p. 776), ou Saint-Marc (Abrégé chronologique, t. II, page 719).

[1288] Les Lombards inventèrent le carocium, étendard placé sur un chariot attelé de bœufs. Ducange, tom. II, p. 194, 195 ; Muratori, Antiquit., tom. II, Dissertat. 26, p. 489.

[1289] Gunther Ligurinus, l. VIII, p. 584 et suiv. ; apud Schmidt, t. III, p. 399.

[1290] Solus imperator faciem suam firmavit ut petram. (Burcard., de Excidio Mediolani, Script. Ital., t. VI, p. 917.) Ce volume de Muratori renferme les monuments originaux de l’histoire de Frédéric Ier, qu’il faut comparer entre eux, en n’oubliant pas la position et les préjugés de chacun de ces écrivains, soit germains, soit lombards.

[1291] Voyez sur l’histoire de Frédéric Ier et de la maison de Souabe à Naples, Giannone, Istoria civile, t. II, l. 14-19.

[1292] Dans l’immense labyrinthe du droit public d’Allemagne, je dois citer un seul auteur ou en citer mille ; et j’aime mieux adopter un seul guide fidèle, que de transcrire sur parole une multitude de noms et de passages. Ce guide est M. Pfeffel, auteur du Nouvel Abrégé chronologique de l’Histoire et du Droit public d’Allemagne, Paris, 1776, 2 vol. in-4°. C’est, à mon avis, la meilleure histoire légale et constitutionnelle qu’on ait publiée dans aucune contrée. Il a saisi les faits les plus intéressants avec beaucoup de justesse et de savoir ; simple et concis, il les resserre dans un petit espace : l’ordre chronologique qu’il a adopté place chacun d’eux sous sa véritable date, et un index fait avec soin les rassemble sous des points de vue généraux. Cet ouvrage, quoique moins parfait lorsqu’il parut d’abord, a servi beaucoup au docteur Robertson, pour cette esquisse de main de maître, oit il trace jusqu’aux changements qu’a subis le corps germanique dans les temps modernes. J’ai aussi consulté le Corpus Historiœ germanicœ de Struve, et avec d’autant plus de fruit, que cette volumineuse compilation rapporte à chaque page les textes originaux.

[1293] Cependant Charles IV personnellement ne doit pas être regardé comme un Barbare. Après avoir été élevé à Paris, il reprit l’usage du bohémien, sa langue naturelle, et il parlait et écrivait avec la même facilité le français, le latin, l’italien et l’allemand. (Struve, pages 615, 616.) Pétrarque en parle toujours comme un prince poli et éclairé.

[1294] Outre les détails que donnent sur l’expédition de Charles IV les historiens d’Allemagne et d’Italie, elle se trouve peinte d’une manière très animée et très exacte dans les Mémoires sur la vie de Pétrarque, t. V, p. 376-430, par l’abbé de Sade ; ouvrage curieux, et dont aucun lecteur réunissant le goût et l’esprit de recherches, ne songera à blâmer la prolixité.

[1295] Voyez la description de cette cérémonie dans Struve, page 629.

[1296] La république de l’Europe ayant le pape et l’empereur pour chefs, n’a jamais été représentée avec plus de dignité que dans le concile de Constance. Voyez l’histoire de cette assemblée par Lenfant.

[1297] Gravina, Origines juris civilis, p. 108.

[1298] On a retrouvé six mille urnes servant aux esclaves et aux affranchis d’Auguste et de Livie. La division des emplois était si multipliée, que tel esclave n’avait d’autre fonction que celle de peser la laine que filaient les servantes de Livie, qu’un autre était chargé du soin de son chien, etc. (Camere sepolcrali, etc., par Bianchini. Voyez aussi l’extrait de son ouvrage dans la Bibl. italique, t. IV, p. 175, et son Éloge par Fontenelle, tom. VI, p. 356. ) Mais ces serviteurs avaient tous le même rang, et peut-être n’étaient-ils pas plus nombreux que ceux de Pollion ou de Lentulus. Ils prouvent seulement la richesse générale de la ville de Rome.

[1299] Comme dans ce chapitre et dans le chapitre suivant je déploierai beaucoup d’érudition arabe, je dois déclarer ici ma parfaite ignorance des langues orientales, et ma reconnaissance pour les savants interprètes qui m’ont communiqué leur savoir sur ce sujet en latin, en français et en anglais. J’indiquerai selon l’occasion les recueils, les versions et les histoires que j’ai consultés.

[1300] On peut diviser en trois classes les géographes de l’Arabie : 1° les Grecs et les Latins, dont on peut suivre les lumières progressives dans Agatharcides (de Mari Rubro, in Hudson, Geographi minores, t. I), dans Diodore de Sicile (t. I, liv. II, p. 159-167, l. III, p. 211-216, édit. Wessel.), dans Strabon (l. XVI, p. 1112-114, d’après Erastosthène, p. 1122-1132, d’après Artemidore), dans Denys (Periegesis, 927-969), dans Pline (Hist. nat., V, 12 ; VI, 32), dans Ptolémée (Descript. et Tabulœ urbium dans Hudson, t. III). 2° Les écrivains arabes, qui ont traité ce sujet avec le zèle du patriotisme ou de la dévotion. Les extraits qu’a donnés Pococke (Specimen Hist. Arabum, p. 125, 128) de la géographie du Sherif al-Edrissi, ajoutent au mécontentement qu’a inspiré la version ou l’abrégé (p. 24, 27, 44, 56, 108, etc., publié par les maronites, sous le titre absurde de Geographia nubiensis (Paris, 1619) ; mais les traducteurs latins et français, Greaves (dans Hudson, t. III) et Galland (Voyage de la Palestine, par La Roque, p. 265-346), nous ont fait connaître l’Arabie d’Abulféda, description la plus détaillée et la plus exacte que nous ayons de cette péninsule, à laquelle on peut ajouter cependant la Bibliothèque orientale de d’Herbelot, p. i2o, et alibi passim. 3° Les voyageurs européens, parmi lesquels Shaw (p. 438-455) et Niebuhr (Description, 1773 ; Voyages, tom. I, 1776) méritent une distinction honorable : Busching (Géographie par Bérenger, tom. VIII, p. 416-510) a fait une compilation judicieuse ; et le lecteur doit avoir devant les yeux les cartes de d’Anville (Orbis veteribus notus, et la première partie de l’Asie), et sa Géographie anc. (tom. I, pages 208-231).

[1301] Abulféda, Descriptio Arabica, p. 1 ; d’Anville, l’Euphrate et le Tigre, p. 19, 20. C’est en cet endroit, où se trouve le paradis ou le jardin d’un satrape, que Xénophon et les Grecs passèrent l’Euphrate pour la première fois. Retraite des dix mille, l. I, c. 10, p. 29, édit. Wells.

[1302] Reland a prouvé avec beaucoup d’érudition superflue, 1° que notre mer Rouge (le golfe d’Arabie) n’est qu’une partie du mare Rubrum, l’Ερυθρα θαλασση des anciens, qui se prolongeait jusqu’à l’espace indéfini de l’océan de l’Inde ; 2° que les mots synonymes ερυθρος, αιθιοψς, font allusion à la couleur des noirs ou des nègres. Dissert. miscell., t. I, p. 59-61.

[1303] Parmi les trente journées ou stations qu’il y a entre le Caire et la Mecque, on en compte quinze dénuées d’eau douce. Voyez la route des Hadjees, dans les Voyages de Shaw, p. 477.

[1304] Pline traite, au douzième livre de son Histoire naturelle (l. XII, c. 42), des aromates, et surtout du thus ou de l’encens de l’Arabie. Milton rappelle dans une comparaison les odeurs aromatiques que le vent du nord-est apporte de la côte de Saba :

Many a league,

Pleas’d with the grateful scent, old Ocean smiles.

Paradise lost., liv. IV.

[1305] Agatharcides assure qu’on y trouvait des morceaux d’or vierge, dont la grosseur variait depuis celle d’une olive jusqu’à celle d’une noix ; que le fer y valait deux fois, et l’argent dix fois plus que l’or (de Mari Rubro, p. 60). Ces trésors réels ou imaginaires se sont évanouis, et l’on ne connaît pas maintenant une seule mine d’or en Arabie. Niebuhr, Description, p. 124.

[1306] Consultez, lisez en entier et étudiez le Specimen Hist. Arabum de Pococke (Oxford, 1650, in-4°) Les trente pages du texte et de la version sont un extrait des Dynasties de Grégoire Abulpharage, que Pococke traduisit ensuite (Oxford, 1663, in-4°). Les trois cent cinquante-huit notes forment un ouvrage classique et original sur les antiquités arabes.

[1307] Arrien indique les Ichthyophages de la côte de Hejaz (Periplus maris Erythrœi, p. 12), et il les indique encore au-delà d’Aden (p. 15). Il parait vraisemblable que les côtes de la mer Rouge (prises dans l’acception la plus étendue) étaient occupées par ces sauvages, même dès le temps de Cyrus ; mais j’ai peine à croire qu’il y eût encore des cannibales parmi eux sous le règne de Justinien. Procope, de Bell. persic., l. I, c. 19.

[1308] Voyez le Specimen Historiœ Arabum de Pococke, p. 2, 5, 86, etc. Le voyage de M. d’Arvieux, en 1664, au camp de l’émir du mont Carmel (Voyage de la Palestine, Amsterdam, 1718), offre un tableau agréable et original de la vie des Bédouins, encore éclairci par Niebuhr (Description de l’Arabie, p. 327-344), et par M. de Volney (t. I, p. 3113-385), le dernier et le plus judicieux de ceux qui ont publié des Voyages en Syrie.

[1309] Lisez (ce n’est pas une tâche fâcheuse) les articles incomparables du Cheval et du Chameau dans l’Histoire naturelle de M. de Buffon.

[1310] Voyez, sur les chevaux arabes, d’Arvieux (p. 159-173), et Niebuhr (p. 142-144). A la fin du treizième siècle les chevaux de Neged passaient pour avoir le pied sûr ; ceux de l’Yémen, pour avoir de la force et être les plus utiles, et ceux de Hejaz paraissaient avoir la plus belle apparence. Les chevaux de l’Europe, qu’on reléguait dans la dixième et dernière classe, étaient généralement méprisés : on leur reprochait d’avoir trop de corps et trop peu de courage (d’Herbelot, Biblioth. orient., p. 339) ; ils avaient besoin de toutes leurs forces pour porter le cavalier et son armure.

[1311] Qui carnibus camelorum rœsti solent odii tenaces sunt, disait un médecin arabe (Pococke, Specimen, p. 88). Mahomet lui-même, qui aimait beaucoup le lait de la femelle de ce quadrupède, préférait la vache, et il n’a pas fait mention du chameau ; mais le régime, à la Mecque et à Médine, était déjà moins frugal. Gagnier, Vie de Mahomet, t. III, p. 404.

[1312] Marcien d’Héraclée (in Peripl., p. 16, in t. I de Hudson, Geograph. minor) comptait cent soixante-quatre villes dans l’Arabie Heureuse. L’étendue de ces villes pouvait être peu considérable, et la crédulité de l’écrivain était peut-être grande.

[1313] Abulféda (in Hudson, t. III, p. 54) compare Saana à Damas, et c’est encore aujourd’hui la résidence de l’iman de l’Yémen (Voyages de Niebuhr, t. I, p. 331-342). Saana est à vingt-quatre parasanges de Dafar (Abulféda, p. 51), et à soixante-huit d’Aden (p. 53).

[1314] Pococke, Specimen, p. 57 ; Geograph. nubiensis, p. 52. Meriaba ou Mérab, qui avait six milles de circonférence, fut détruite par les légions d’Auguste (Pline, Hist. nat., VI, 32) ; et au seizième siècle elle ne s’était pas encore relevée (Abulféda, Descript. Arab., p. 58).

[1315] Le nom de cité, Médine, fut donné κατ’ εξοχην à Yatreb (la Iatrippa des Grecs), où résidait le prophète. Abulféda calcule (p. 15) les distances de Médine par stations ou journées d’une caravane ; il en compte quinze jusqu’à Bahrein, dix-huit jusqu’à Bassora, vingt jusqu’à Cufah, vingt jusqu’à Damas ou jusqu’en Palestine, vingt-cinq jusqu’au Caire, dix jusqu’à la Mecque, trente depuis la Mecque jusqu’à Saana ou à Aden, et trente et un jours ou quatre cent douze heures jusqu’au Caire (Voyages de Shaw, p. 4.77) ; et, selon l’estimation de d’Anville (Mesures itinér., p. 99), une journée de chemin était d’environ vingt-cinq milles anglais. Pline (Hist. nit., XII, 32) comptait soixante-cinq stations de chameaux depuis le pays de l’encens (Hadramaüt, dans l’Yémen, entre Aden et le cap Fartasch) jusqu’à Gaza en Syrie. Ces mesures peuvent aider l’imagination et jeter du jour sur les faits.

[1316] C’est des Arabes qu’il faut tirer ce que nous pouvons savoir de la Mecque (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 368-371 ; Pococke, Specim., p. 125-128 ; Abulféda, p. 11-40). Comme on ne permet à aucun mécréant d’entrer dans cette ville, nos voyageurs n’en parlent pas ; le peu de mots qu’on trouve à cet égard dans Thévenot (Voyage du Levant, part. I, p. 490) avaient été recueillis delà bouche suspecte d’un renégat africain. Des Persans y comptaient six mille maisons. Chardin, t. IV, p. 167.

[1317] Strabon, liv. XVI, p. 1110. D’Herbelot (Bibl. orient., p. 6) indique une ces maisons de sel près de Bassora.

[1318] Mirum dictu, ex innumeris populis pars œqua in COMMERCIIS aut latrociniis degit (Pline, Hist. nat., VI, 32). Voyez le Koran de Sale, sura 106, p. 503 ; Pococke, Spec., p. 2 ; d’Herbelot, Bibl. orient., p. 361 ; Prideaux, Vie de Mahomet, p. 5 ; Gagnier, Vie de Mahomet, t. I, p. 72-120, 126, etc.

[1319] Un docteur anonyme (Univers. History, vol. XX, édit. in-8°) a tiré de l’indépendance des Arabes une démonstration formelle de la vérité du christianisme. Un critique peut d’abord nier les faits et ensuite disputer sur le sens du passage de la Bible qu’on allègue (Genèse, XVI, 12), sur l’étendue de son application et sur le fondement de la généalogie.

[1320] Il fut subjugué (A. D. 1173) par un frère du grand Saladin, qui établit une dynastie des Curdes ou des Ayoubites. De Guignes, Hist. des Huns, t. I, p. 425 d’Herbelot, p. 477.

[1321] Par le lieutenant de Soliman Ier (A. D. 1538), et par Selim II (1568). (voyez Cantemir, Hist. de l’Empire ottoman, p. 201-221.) Le pacha qui résidait à Saana, donnait des ordres à vingt et un beys ; mais jamais il n’envoya aucun revenu à la Porte (Marsigli, Stato militare dell’ Imperio ottomano, p. 124), et les Turcs en furent chassés vers l’an 1630. Niebuhr, p. 167, 168.

[1322] Les principales villes de la province romaine, qu’on appelait Arabie et la troisième Palestine, étaient Bostra et Petra, qui comptaient de l’année 105, époque où elles furent subjuguées par Palma, lieutenant de Trajan. (Dion Cassius, l. LXVIII.) Petra était la capitale des Nabathéens, qui tiraient leur nom de l’aîné des enfants d’Ismaël (Genèse, XXV, 12, etc., avec les Commentaires de saint Jérôme, de Le Clerc et de Calmet). Justinien abandonna un pays de palmiers de dix journées de marche, au sud d’Ælah (Procope, de Bell. persico, l. I, c. 19) ; et les Romains avaient un centurion et une douane (Arrien, in Periplo Maris Erythræi, p. 11, in Hudson, t. I) dans un endroit (λευκη κωμη, Pagus Albus, Hawara) du territoire de Médine (d’Anville, Mémoires sur l’Égypte, p. 243). C’est sur ces possessions réelles et quelques incursions nouvelles de Trajan (Peripl., p. 14, 15) que les historiens et les médailles ont fondé sa supposition de la conquête de l’Arabie par les Romains.

[1323] Niebuhr (Descript. de l’Arabie, p. 302, 303, 329, 331) fournit les détails les plus récents et les plus authentiques sur le degré d’autorité que possèdent les Turcs en Arabie.

[1324] Diodore de Sicile (t. II, l. XIX, p. 390-393, édit. de Wesseling) a fait clairement connaître l’indépendance des Arabes Nabathéens, qui résistèrent aux armes d’Antigone et à celles de son fils.

[1325] Strabon, l. XVI, p. 1127-1129 ; Pline, Hist. nat., VI, 32. Ælius Gallus débarquai près de Médine, et fit près de trois cents lieues dans la partie de l’Yémen qui est entre Mareb et l’Océan. Le non ante devictis Sabeœ regibus (Od. I, 29), et les intacti Arabum thesauri (Od. III, 24) d’Horace, attestent l’indépendance encore vierge de l’Arabie.

[1326] Voyez dans Pococke une histoire imparfaite de l’Yémen, Specim., p. 55-66 ; de Hira, p.66-74 ; de Gassan, pages 75-78, sur tous les points qu’on a pu savoir, ou dont on a pu conserver le souvenir dans un temps d’ignorance.

[1327] Les Σαρακηνικα φυλα, μυριαδες ταυτα, και το πλειστον αυτων ερημονομοι, και αδεσποτοι, sont décrits par Ménandre (Excerpt. legat., p. 149), par Procope (de Bell. pers., l. I, c. 17-19 ; l. II, c. 10), et avec les couleurs les plus vives par Ammien Marcellin (l. XIV, c. 4), qui les fait connaître dès le temps de Marc-Aurèle.

[1328] On a ridiculement fait venir ce nom, qu’emploient Ptolémée et Pline dans une acception plus réservée, et auquel Ammien et Procope donnent un sens, plus étendu, de Sarha, femme d’Abraham ; on l’a fait venir d’une manière assez peu claire du village de Saraka μετα Ναβαταιους (Stephan., de Urbibus), et d’une manière plus plausible de mots arabes, qui signifient un caractère disposé au vol, ou qui désignent leur situation à l’Orient (Hottinger, Hist. orient., liv. I, c. I, p. 7, 8 ; Pococke, Specimen, p. 33-35 ; Assemani, Bibl. orient., t. IV, p. 567). Mais la dernière et la plus reçue de ces étymologies est réfutée par Ptolémée (Arabia, p. 2, 18, in Hudson, t. IV) ; qui remarque expressément la position occidentale ; et méridionale des Sarrasins, qui étaient alors une tribu obscure établie sur les frontières de l’Égypte. Cette dénomination ne peut donc pas avoir eu rapport au caractère national ; et puisqu’elle a été donnée par les étrangers, il faut en chercher l’origine non pas dans la langue arabe, mais dans une langue étrangère.

[1329] Saraceni mulieres aiunt in eos regnare. (Expositio totius Mundi, p. 3, in Hudson, t. III.) Le règne de Mavia est célèbre dans l’histoire ecclésiastique. Pococke, Specim., p. 69-83.

[1330] Μη εξειναι εκ των Βασιλειων, disent Agatharcides (de Mari Rubro, p. 63, 64, in Hudson, t. I), Diodore de Sicile (t. I, l. III, c. 47, p. 215), et Strabon (l. XVI, p. 1124) ; mais je suis bien tenté, de croire que c’est un de ces contes populaires ou de ces accidents extraordinaires que la crédulité des voyageurs, a donnés si souvent pour un fait constant, pour sine coutume ou pour une loi.

[1331] Non gloriabantur antiquitus Arabes, nisi gladio, hospite, et ELOQUENTIA (Sephadius, apud Pococke., Specimen, p. 161, 162). Ils ne partageaient qu’avec les Perses ce don de la parole ; et les sentencieux Arabes auraient vraisemblablement dédaigné la dialectique simple et sublime de Démosthènes.

[1332] Je dois rappeler au lecteur que d’Arvieux, d’Herbelot et Niebuhr, peignent des plus vives couleurs les mœurs et le gouvernement des Arabes, et que divers passages de la vie de Mahomet jettent du jour sur ces objets.

[1333] Voyez le premier chapitre de Job, et en outre la longue muraille de quinze cents stades que Sésostris Meva depuis Péluse jusqu’à Héliopolis (Diodore de Sicile, t. I, l. I, p. 67). A cette époque les rois pasteurs avaient subjugué l’Égypte, sous le nom de Hyksos. Marsham, Canon. chron., p. 98-163, etc.

[1334] Ou, selon un autre calcul, douze cents (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 75). Les deux historiens qui ont écrit sur les Ayam-al-Arab, toutes les batailles des Arabes, vivaient aux neuvième et dixième siècles. Deux chevaux donnèrent lieu à la fameuse guerre de Dahes et de Gabrah, qui dura quarante ans, et qui devint proverbiale. Pococke, Specimen, p. 48.

[1335] Niebuhr (Description, p. 26-31) rapporte la théorie et la pratique modernes des Arabes, dans la vengeance du meurtre. On peut retrouver dans le Koran (c. 2, p. 20, c. 17, p. 230, avec les observations de Sale) le caractère plus grossier de l’antiquité.

[1336] Procope (de Bell. pers., l. I, c. 16) placé les deux mois de paix vers le solstice d’été ; mais les Arabes en comptent quatre, le premier mois de l’année, le septième, le onzième et le douzième ; et ils prétendent que dans une longue suite de siècles on n’a manqué que quatre ou six fois à cette trêve. Sale, Disc. prélim., p. 147-150, et Notes sur le neuvième chapitre du Koran, p. 154 ; etc. ; Casiri, Bibl. hispano-arabica, t. II, p. 20, 21.

[1337] Arrien, qui vivait au second siècle, remarque (in Periplo Maris Erythrmi, p. 12) la différence partielle ou totale des dialectes arabes. Pococke (Specimen, p. 150-154), Casiri (Bibl. hispano-arabica., t. I, p. 1, 83, 292 ; tom. II, p. 25, etc.) et Niebuhr (Descript. de l’Arabie, p. 72-86), ont traité fort en détail ce qui a rapport à la langue et à l’alphabet des Arabes ; mais je passe légèrement sur cet objet, n’ayant nul plaisir a répéter comme un perroquet des mots que je n’entends pas.

[1338] Voltaire a inséré dans Zadig un conte familier (le Chien et le Cheval), pour prouver la sagacité naturelle des Arabes (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 120, 121 ; Gagnier, Vie de Mahomet, t. I, p. 37-46) ; mais d’Arvieux, ou plutôt La Roque (Voyage de la Palestine, p. 92), a nié la supériorité dont se vantent les Bédouins. Les cent soixante-neuf Sentences d’Ali (traduites en anglais par Ockley, à Londres, 1718) donnent un échantillon de l’esprit de trait qui distingue les Arabes.

[1339] Pococke (Specimen, p. 158-161) et Casiri (Bibl. hisp. arab., t. I, p. 48-84, etc., 119 ; t. II, p. 17, etc.) parlent des poètes arabes antérieurs à Mahomet. Les sept poèmes de la Caaba ont été publiés en anglais par sir William Jones ; mais l’honorable mission dont on l’a chargé dans l’Inde, nous a privés de ses notes, beaucoup plus intéressantes que ce texte obscur et vieilli.

[1340] Sale, Discours prélim., p. 29-30.

[1341] D’Herbelot, Bibl. orient., ; p. 458 ; Gagnier, Vie de Mahomet, t. III, p. 118. Caab et Hesnus (Pococke, Specim., p. 43, 46, 48) se distinguèrent aussi par leur libéralité ; et un poète arabe dit avec élégance du dernier : Videbis eum cum accesseris exultantem, ac si dures illi quod ab illo petis.

[1342] Tout ce qu’on peut savoir maintenant de l’idolâtrie des anciens Arabes se trouve dans Pococke (Specim., p. 89, 136, 163, 164). Sa profonde érudition a été interprétée d’une manière très claire et très concise, par Sale (Discours prélim., p. 14-24) et Assemani (Bibl. orient., t. IV, p. 580-590) à ajouté des remarques précieuses.

[1343] Ιερον αγιωτατον ιδρυται τιμωμενον υπο παντων Αραβων περιττοτερον (Diodore de Sicile, t. II, l. III, p. 211) ; le genre et la situation se rapportent si bien, que je suis étonné qu’on ait lu ce passage curieux sans le remarquer et sans en suivre l’application. Toutefois Agatharcides (de Mari Rubro, p. 58, in Hudson, t. I), que Diodore copie dans le reste de sa description, n’a pas fait mention de ce temple fameux. Le Sicilien en savait-il plus que l’Égyptien ? ou la Caaba a-t-elle été construite entre l’année de Rome 650 et l’année 746, époques de la composition de leurs ouvrages ? Dodwell, in Dissertat., ad t. I, Hudson, p. 72 ; Fabricius, Bibl. græc., t. II, p. 770.

[1344] Pococke, Specimen, p. 60, 61. De la mort de Mahomet nous montons à soixante-huit ans, et de sa naissance à cent vingt-neuf ans avant l’ère chrétienne. Le voile ou la toile, qui est aujourd’hui de soie et d’or, n’était autrefois qu’une pièce de toile, de lin d’Égypte. Abulféda, Vit. Mohammed, c. 6, p. 14.

[1345] Le plan original de la Caaba, qui a été copié servilement par Sale, par les auteurs de l’Histoire universelle, etc., est une esquisse faite par un Turc, que Reland (de Religione Mohammed, p. 113-123) a corrigée et expliquée d’après de très bonnes autorités. Consultez sur la Légende et la Description de la Caaba, Pococke (Specimen, p. 115-122), la Bibliothèque orientale de d’Herbelot (Caaba, Hagier, Zemzem, etc.), et Sale (Discours préliminaire, p. 114-122).

[1346] Il parait que Cosa, cinquième ancêtre de Mahomet, usurpa la Caaba (A. D. 440) ; mais Jannabi (Gagnier, Vie de Mahomet, t. I, p. 65-69) et Abulféda (Vit. Mohammed, c. 6, p. 13) racontent ce fait d’une manière différente.

[1347] Maxime de Tyr, qui vivait au second siècle, attribue aux Arabes le culte d’une pierre : Les Arabes adorent aussi, mais je ne sais quoi. Quant à l'objet sensible de leurs adorations, je l'ai vu, c'est une pierre quadrangulaire (Disert. 8, t. I, p. 142, édit. Reiske) ; et les chrétiens ont répété ce reproche avec une grande véhémence (Clément d’Alex., in Protreptico, p. 40 ; Arnobe, Contra gentes, liv. VI, p. 246). Cependant ces pierres n’étaient que les βαιτυλα de la Syrie et de la Grèce, si renommés dans l’antiquité sacrée et profane (Eusèbe, Præp. Evangel., l. I, p. 37 ; Marsham, Canon. chron., p. 54-56).

[1348] Le savant sir John Marsham (Canon. chron., p. 76-78, 301-304) discute avec exactitude les deux horribles sujets de Α δροθυσια et de παιδοθυσια. Sanchoniaton tire de l’exemple de Chronus l’origine des sacrifices phéniciens ; mais nous ignorons si Chronus vivait avant ou après Abraham, où même s’il a jamais existé.

[1349] Κατ’ ετος εκαστον παιδα εθυον : tel est le reproche de Porphyre ; mais il impute aussi aux Romains cette coutume barbare, qui avait été définitivement abolie, A. U. C. 657. Ptolémée (Tabul., p. 37 ; Arabia, p. 9-29) et Abulféda (p. 57) font mention de Dumætha, Daumat-al-Gendal ; et les cartes de d’Anville placent ce lieu au milieu du désert, entre Chaibar et Tadmor.

[1350] Procope (de Bell. pers., l. I, c. 28), Evagrius (c. 21) et Pococke (Specimen, p. 72-86), attestent les sacrifices humains des Arabes du sixième siècle. Le danger et la délivrance d’Abdallah sont une tradition plutôt qu’un fait constant. Gagnier, Vie de Mahomet, t. I, p. 82-84.

[1351] Suillis carnibus abstinent, dit Solin (Polyhist., c. 33), qui copie cette étrange supposition de Pline (l. VIII, c. 68), que les cochons ne peuvent vivre en Arabie. Les Égyptiens avaient une aversion naturelle et superstitieuse pour cette bête malpropre (Marsham, Canon., p. 205). Les anciens Arabes pratiquaient aussi, post coitum, la cérémonie de l’ablution (Hérodote, l. I, c. 80), que la loi des musulmans a consacrée. Reland, p. 75, etc. ; Chardin, ou plutôt le Mollah de Shah-Abbas, tom. IV, p. 71, etc.

[1352] Les docteurs musulmans n’aimaient pas à traiter cette matière ; ils regardent cependant la circoncision comme nécessaire au salut ; ils prétendent même que, par une sorte de miracle, Mahomet naquit sans prépuce. Pococke, Spec., p. 319, 320 ; Sale, Disc. prélim., p. 106, 107.

[1353] Diodore de Sicile (t. I, l. II, p. 142-145) a jeté sur leur religion le coup d’œil curieux mais superficiel d’un Grec. On doit estimer davantage leur astronomie ; car enfin ils s’étaient servis de leur raison, puisqu’ils doutaient que le soleil fût au nombre des planètes et des étoiles fixes.

[1354] Simplicius (qui cite Porphyre), de Cœlo, l. II, com. 46, p. 23 ; l. XVIII, ap. Marsham, Canon. chron., p. 474, qui doute du fait parce qu’il est contraire à ses systèmes. La date la plus ancienne des observations des Chaldéens, est de l’année 2234 avant Jésus-Christ. Après la conquête de Babylone par Alexandre, ces observations furent, à la prière d’Aristote, communiquées à l’astronome Hipparque. Quel beau monument dans l’histoire des sciences !

[1355] Pococke (Specim., p. 138-146), Hottinger (Hist. orient., p. 162-203), Hyde (de Relig. vet. Persae., p. 124-128, etc.), d’Herbelot (Sabi, p. 725, 726) et Sale (Discours prélimin.), excitent notre curiosité plutôt qu’ils ne la satisfont, et le dernier de ces écrivains confond le sabéisme avec la religion primitive des Arabes.

[1356] D’Anville (l’Euphrate et le Tigre, p. 130-147) détermine la situation de ces chrétiens équivoques. Assemani (Bibl. orient., l. IV, p. 607-614) peut avoir exposé leurs véritables dogmes ; mais c’est un travail hasardeux que de chercher à fixer la croyance d’un peuple ignorant, qui craint et qui rougit de dévoiler ses traditions secrètes.

[1357] Les mages étaient établis dans la province de Bahrein (Gagnier, Vie de Mahomet, t. III, p. 114) et mêlés aux anciens Arabes (Pococke, Specimen, p. 146-150).

[1358] Pococke, d’après Sharestani, etc. (Specimen, p. 60-134, etc.), Hottinger (Hist. orient., p. 212-238), d’Herbelot (Bibl. orient., p. 474-476.), Basnage (Hist. des Juifs, t. VII, p. 185 ; t. VIII, p. 200) et Sale (Disc. prélim., p. 22, etc., 33 ; etc.), décrivent l’état des Juifs et des chrétiens en Arabie.

[1359] Dans leurs offrandes ils avaient pour maxime de tromper Dieu au profit de l’idole, qui était moins puissante, mais plus irritable. Pococke, Specimen, p. 108-109.

[1360] Les versions juives ou chrétiennes que nous avons de la Bible paraissent plus modernes que le Koran ; mais on peut croire qu’il y a eu des traductions antérieures : 1° d’après l’usage perpétuel de la synagogue, qui expliquait la leçon Hébraïque par une paraphrase en langue vulgaire du pays ; 2° d’après l’analogie des versions arménienne, persane et éthiopienne, expressément citées par les pères du cinquième siècle, qui assurent que les écritures avaient été traduites dans toutes les langues des Barbares. Walton, Prolegomena, ad Biblia Polyglot., p. 34, 93, 97 ; Simon, Hist. crit. du Vieux et du Nouveau-Testament, t. I, p. 180, 181, 282, 286, 293, 305, 306 ; t. IV, p. 206.

[1361] In eo conveniunt omnes, ut plebeio vilique genere ortum, etc. (Hottinger, Hist. orient., p. 136.) Cependant Théophane, le plus ancien des historiens grecs modernes, et le père de plus d’un mensonge, avoue que Mahomet était de la race d’Ismaël (Chron., p. 277).

[1362] Abulféda (in Vit. Mohammed, c. 1, 2) et Gagnier (Vie de Mahomet, p. 25-97) exposent la généalogie du prophète, telle qu’elle est reçue parmi ses compatriotes. A la Mecque, je ne voudrais pas contester son authenticité ; mais à Lausanne, je me permettrai d’observer, 1° que depuis Ismaël jusqu’à Mahomet l’intervalle est de deux mille cinq cents ans, et que les musulmans ne comptent que trente générations au lieu de soixante-quinze ; 2° que les Bédouins modernes ignorent leur histoire, et ne s’embarrassent pas de leur généalogie (Voyage de Darvieux, p. 100-103).

[1363] Les premiers germes de cette fable ou de cette histoire se trouvent dans le cent cinquième chapitre du Koran ; et Gagnier (Préface de la Vie de Mahomet, p. 18, etc.) a traduit le récit d’Abulféda, sur lequel on peut chercher des éclaircissements dans d’Herbelot (Bibl. orient., p. 12) et Pococke (Specimen, p. 64). Prideaux (Vie de Mahomet) dit que c’est un mensonge de l’invention de ce prophète ; mais Sale (Koran, p. 501-503), à moitié musulman, attaque l’inconséquence de cet écrivain, qui croyait aux miracles de l’Apollon de Delphes. Maracci (Koran, t. I, part. II, p. 4 ;  t. II, p. 823) attribue le prodige au diable, et force les musulmans d’avouer que Dieu n’aurait pas défendu contre les chrétiens les idoles de la Caaba.